Sophie Garrec * Correctrice - chroniqueuse - auteure - parolière

Sophie Garrec  *  Correctrice - chroniqueuse - auteure - parolière

B. Le jour de ses rêves - nouvelle n°1

 
Ma première nouvelle...
 
Je n'aurais jamais eu l'idée seule d'écrire ce genre de texte. Mais voilà, j'étais obligée de le faire : c'était une commande, un devoir que je devais rendre dans le cadre d'une formation. En ce sens, je ne sais si mon récit sera à la hauteur des contraintes exigées. Je ne sais même pas si il sera "joli" aux yeux des correcteurs et aux vôtres... peu importe, j'ai aimé l'écrire et suis contente de vous le présenter. C'est un peu comme une "première fois", on est fier même si, avec le recul, on réalise que ce n'est pas la meilleure chose que l'on ai faite au monde !
 
Le thème était libre. Je ne sais pas vous dire comment l'inspiration m'est venue mais au regard des ressentis que j'ai éprouvés, je comprends qu'il fallait que tous ces mots sortent.  Pourquoi ? je n'en sais rien...
 
J'ai beaucoup pleuré en écrivant cette nouvelle. J'avais la gorge serrée et je tremblais en pianotant sur mon clavier. J'ai aussi culpabilisé face à l'horreur de mon imagination ! Comment accepter que notre pensée aille dans des fonds si noirs ? Je me suis ainsi posé la question suivante : comment arrivons-nous à écrire de telles choses, si lointaines de ce que nous vivons, si lointaines de celles que nous voudrions vivre ? Une manière d'éloigner la malchance peut-être ou d'affronter nos propres peurs...
 
Allez, je vous laisse maintenant la découvrir...

MERCI à la "Revue des Citoyens des Lettres" pour la publication de cette nouvelle dans son numéro de décembre 2018 !

À lire ici : http://revuedescitoyensdeslettres.org/publication-008/le-jour-de-ses-reves

 

 

Le jour de ses rêves


 

C’est LE grand jour.

 

Charlotte se regarde dans le miroir, émerveillée mais dubitative.

Elle ne se détaille pas de suite. Elle se voit d’abord comme un tout, une sorte de cadeau précieux emballé dans le plus beau des papiers.

Elle se tapote les avant-bras et touche ses joues pour être sûre que le reflet qu’elle observe est bien le sien. Elle sent que c’est elle physiquement ; ça la rassure. Elle reconnaît aussi les traits de son visage. Tout est là… mais différent : son nez retroussé lui paraît plus harmonieux, ses tâches de rousseur sont plus étincelantes, la couleur de ses yeux est plus vive, ses jolies boucles blondes ont été élégamment retravaillées et lui retombent en cascade sur ses épaules dénudées. Même son teint est plus lumineux.

Elle a aujourd’hui quelque chose d’inhabituel, quelque chose en plus, quelque chose qui la transforme, qui la rend joyeuse, plus épanouie, plus belle tout simplement : une robe de mariée !

 

Tout en s’admirant, elle se rappelle la demande en mariage de son fiancé…

C’était il y a neuf mois, dans le gris du mois d’octobre. L’été superbe qu’ils avaient passé ensemble était loin déjà et le moral descendait au gré de la météo. Ses baisses d’humeurs étaient juste dues à un manque de chaleur et d’ensoleillement.

Pas de doute, elle était heureuse avec son alter ego comme elle l’appelait, Adrien. Elle avait compris avec lui le vrai sens du mot ‘aimer’. Partager tous ses moments libres à ses côtés, avoir envie de sentir son odeur, le toucher, et, comme une personne qui découvre le vrai sens de sa vie, elle n’était pas prête à le laisser filer. Il serait avec elle pour le restant de ses jours, symboliquement, moralement et physiquement. Complices et proches à tout moment, comme deux esprits reliés et deux corps collés dans un même espace de temps et de lieu. TOUJOURS.

 

Il s’était agenouillé comme à l’ancienne, sur un tapis moelleux, devant un feu de cheminée. Il savait qu’elle serait sensible au romantisme de la situation. Il avait pris sa main dans la sienne, l’avait regardée dans les yeux tout en sortant un étui de sa poche. L’étui ouvert, la somptueuse simplicité de la bague l’avait émue de suite, avant même qu’il n’ouvre la bouche pour prononcer les mots attendus : « Charlotte, je t’aime. Veux-tu m’épouser ? ».

Dès lors, l’hiver avait été joyeux et avait filé très vite… jusqu’à ce jour d’été.

 

Encore émue de ce souvenir et enjouée de ceux à venir, Charlotte est souriante.

Elle respire un grand coup avant de rabattre le voile blanc dentelé sur son visage. Elle est prête.

Adrien l’attend derrière la porte. Elle sait qu’il a hâte de la voir. Il a insisté pour être le premier à la découvrir dans sa robe de mariage, en mémoire du jour où leurs regards s’étaient croisés pour la première fois. Il a insisté aussi pour la conduire jusqu’à l’autel, une manière, avait-il dit, de commencer symboliquement à faire le chemin ENSEMBLE, à deux.

 

Elle réajuste sa robe et se regarde une dernière fois, confiante. Puis elle ouvre la porte.

 

Derrière, il fait tout noir !

Elle est perdue, apeurée, ahurie, esseulée. Elle se réveille et s’assoit, pantoise ! Elle a rêvé un instant au projet qu’ils avaient construit à deux. Elle a rêvé de ce qui aurait dû arriver, de ce qui était prévu.

Elle allume la lumière pour se réorienter. Elle regarde le lit vide à côté d’elle et la place qu’il n’occupera plus que dans ses rêves. Et elle se met à pleurer.

 

Adrien est parti ! Il l’a laissée seule, avec sa robe et sa bague. Il s’est éteint tragiquement au petit matin, le jour DU grand jour, sans lui avoir solennellement dit « oui » pour la vie.

 

 

Avril 2014

 

@Au fil des mots, les maux passent

Sophie Garrec



04/04/2014
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